Les dieux paillards

Pierre Perret

Les dieux paillards

Les dieux paillards

Après avoir fait Le plaisir des Dieux, Pierre PERRET, rigolard, avait dit que si ça marchait il en ferait une trilogie. Ça a marché, pas qu’un peu. Se prenant lui-même au mot, le chanteur retourne en studio pour enregistrer les deux volumes suivants. Mais comme il n’a pas forcément la motivation pour faire ça longtemps, il choisit finalement de solder le tout en un bloc. C’est donc un double-album qui sort sous le titre Les Dieux paillards. Un premier conseil ici : le considérer comme un double simple, plutôt que comme un simple double. Ecouter l’un des disques, revenir plus tard écouter l’autre. Parce que se siffler l'ensemble d’un bloc se révèle un poil lourd sur l’estomac.
Dans cette deuxième fournée, on entend davantage de chansons parodiques, notamment de chants de marins. "Allons à Messine" ou "Le 31 du mois d’août", entre autres, sont graveleusement détournées ("Tirons un coup, tirons-en deux, à la santé des amoureux !"). On retrouve par ailleurs à peu près tous les classiques que le premier enregistrement avait laissés de côté. Les trois disques ensemble finissent ainsi par former un corpus des plus complets.
De ces deux-là, je reconnais avoir une légère préférence pour la seconde. C’est qu’il y a dans le premier des chansons un peu chiantes ou un peu trop crades à mon goût ("Le wagon de pines" par exemple). Dans l’autre, il y a des choses assez rigolotes, comme "La femme du vidangeur" qui narre les aventures étranges d’un gars ayant pour idée fixe de s’enfiler un pendu. J’avoue toujours une petite préférence pour les chants à la teneur mécréante affirmée (impressionnant "De profundis morpionibus", impayable "Frère la Guillaumette", sans oublier ce bon vieux "Curé Pineau", ni le fameux "Grand vicaire"). On entend aussi quelques variations autour de la mythologie gréco-latine ici ou là.
Entre nous, ça s’entend un peu que Pierre PERRET a fait ça rapidement. Ces deux disques ne sont pas aussi bien construits que leur prédécesseur, son chant est plus expéditif et les chœurs ne marchent pas aussi bien. En revanche, il faut saluer le boulot d’arrangement réalisé. Sortir ce double quelques mois seulement après le simple n’était pas non plus pour effrayer ce type d’artiste qui a sorti un album par an durant des années.
Musicalement, ça s’écoute très bien. Un grand orchestre est présent, alternant moments en fanfares, partitions faisant la part belle aux cordes et quelques passages plus simples ou plus jazz. En tout cas, ça s’écoute beaucoup mieux que la plupart des compilations de chansons paillardes que l’on peut trouver en circulation. Même rapidement, Pierre PERRET fait les choses sérieusement. Ce qui, du haut de son expérience, amène à un résultat tout à fait convenable.
Signalons pour finir que l’édition ultime de ce projet est sortie un peu plus tard sous le titre Trésors de la paillardise. Il regroupe les trois disques auxquels s’adjoint un quatrième composé pour partie de quelques morceaux issus de Chansons Eroticoquines et de chutes de ces deux enregistrements. On y entend un second pot-pourri ainsi que l’une de mes préférées de tout ce recueil : "La pompe à merde", l’hymne des vidangeurs parisiens, à la philosophie éternelle. Avis donc aux amateurs ou aux curieux ! On a rarement l’occasion d’entendre ce genre de titres pris ainsi au sérieux, tout en sachant avant tout s’amuser puisque c’est finalement le but premier. Comme il n’y a pas de petite culture, c’est l’occasion de s’instruire à bon prix.

Source : Ramon Perez – Forces Parallèles / Nightfall

Date de sortie
20/10/2023

Référence du disque
ADEL38/39

N° de code barre
3760063731965

cd 35

Double album numérique 35 titres

Existe en version numérique uniquement